L’industrie de l’uranium

Depuis 2003, le prix spot de l’uranium (U3O8) n’avait cessé de grimper, passant de 10$US/lb à 135$US/lb en 2007. Suite à la crise financière de 2007-2008, le cours de la commodité avait largement chuté, puis rechuté suite à Fukushima. Il se transige aux alentours de 35$US/lb depuis quelques mois. Il s’agit en fait d’une des rares ressources minières qui n’ait pas été touché par la chute de l’industrie minière de la dernière année. En effet, durant l’été 2015, le Japon, 3e plus grand consommateur d’uranium (pour son électricité), a finalement réouvert une première centrale nucléaire, envoyant ainsi un signal fort et positif pour l’industrie. Récemment, le canadien Cameco (TSE:CCO), une compagnie minière d’uranium a déclaré qu’elle agrandirait la mine de McArthur River, la plus grande au monde.

uxc_graph_u3o8
Figure 1. Prix spot de l’uranium (UxC, 2015)

Quelle est la dynamique du marché de l’uranium?

Il existe essentiellement 2 types d’acteurs sur le marché : les compagnies minières et les compagnies de services aux collectivités. Les compagnies minières extraient l’uranium et l’enrichissent pour en faire du combustible alors que les secondes opèrent les réacteurs. À cela, on peut rajouter les compagnies construisant les centrales qui ont un impact indirect sur le marché via les compagnies de services aux collectivités; ainsi que les compagnies qui se spécialisent dans la vente d’uranium provenant d’armes nucléaires démilitarisées.

Le prix et les contrats

Le prix de l’uranium est déterminé par le prix spot qui se transige sur les marchés boursiers. Cependant, la plupart des transactions se font via des contrats à long terme allant de 3 à 15 ans. Ces contrats sont alors déterminés par le prix spot ajouté d’une prime de 10$US/lb en général. Ceci est important pour la dynamique du marché puisque cela apporte de la stabilité au niveau des revenus des deux côtés. Le revers de la médaille est que cela oblige une compagnie à exécuter sa partie du contrat. Par exemple, suite à la fermeture des centrales nippones, les compagnies ont continué d’acheter de l’uranium sans l’utiliser, créant ainsi des réserves importantes. Le retour en activité des centrales japonaises aura donc un impact indirect à court terme sur les marchés.

Comme la plupart des commodités minières, le prix spot de l’uranium est sujet à la loi de l’offre et de la demande. C’est pourquoi il est important de suivre les tendances de ces deux aspects.

La demande

En ce qui concerne la demande, celle-ci est dirigée par la croissance des pays émergents, notamment la Chine qui a des besoins énergétiques en très forte croissance. En effet, celle-ci a déjà 26 réacteurs actifs et 25 en construction (et d’autres de planifiés). Pour mettre cela en perspective, il existe actuellement 435 réacteurs dans le monde, pour une consommation globale de 66000 tonnes d’uranium (tU). Cependant, une autre tendance tire la demande vers le bas. Il s’agit d’une augmentation de l’efficacité des centrales. Finalement, une caractéristique des centrales nucléaires est qu’elles demandent une dose initiale puis des doses moins grandes. En effet, une fois le réacteur lancé, pour des raisons d’efficacité, un tiers du combustible est retiré et remplacé, une fois tous les 12 ou 18 mois dépendamment de l’efficacité de la centrale. Par exemple, il faut 300-450 tU au démarrage pour 1GWe, puis 150tU/année. Ainsi, l’ouverture des nouvelles centrales chinoises va créer une forte demande momentanée.

L’offre

Vis-à-vis de l’offre, 90% de l’uranium provient des minières. Les trois quarts du marché sont partagés assez équitablement entre 6 grandes compagnies : Cameco, Areva (EPA:AREVA), Kazatomprom, Uranium One, Rio Tinto (LON:RIO) et BHP Billiton (ASX:BHP). Ce marché est hétérogène en terme de types de compagnies. En effet, Cameco est une minière côtée en bourse spécialisée en uranium, alors qu’Areva est intégrée verticalement, produisant aussi des centrales. Kazatomprom et Uranium One sont des compagnies étatiques. Rio Tinto et BHP Billiton sont de grandes multinationales minières impliquées dans d’autres commodités.

La dynamique

Le nerf de la guerre pour ces 6 compagnies revient encore à la qualité du minerai. En effet, la concentration d’uranium varie d’un endroit à l’autre. Dans la croute terrestre, la concentration est de 2.8ppm. Elle peut atteindre 200 000ppm à certaines mines, telles qu’au Canada. Certaines mines sont quand même profitables pour des concentrations de 2000ppm. Cependant, à cause d’un nombre de caractéristiques du secteur, la dynamique est différente de celle du pétrole par exemple.

Tout d’abord, la demande est relativement stable et prévisible puisque les centrales nucléaires sont les plus gros demandeurs et que leur construction demande des investissements importants en capitaux et en temps. Ensuite, les barrières à l’entrée du marché sont élevées puisqu’il faut des ressources importantes (capitaux et connaissances) pour ouvrir une nouvelle mine. De plus, des stratégies concernant la quantité produite de la part de Cameco, par exemple, seraient peu fructueuses dues à la structure du marché (compagnies étatiques, intégrées verticalement ou diversifiées). Ainsi, la dynamique du marché semble aussi stable du côté des offreurs que des demandeurs.

Conclusion

Avec le redémarrage des centrales nippones, le marché a reçu un signal positif. De plus, les enjeux environnementaux en terme de carbone favorisent l’utilisation de centrales nucléaires. C’est pourquoi les minières retrouvent de l’intérêt à explorer de nouvelles mines ou d’agrandir celles déjà existantes pour combler la demande future. Cependant, bien que la technologie nucléaire soit de plus en plus sécuritaire, il existe toujours un risque d’accident qui impacterait le risque de réputation du secteur dans sa globalité, vis-à-vis des populations locales et des gouvernements.

Références

Iuliani, L & Le Duc, R. (18 Novembre 2014). Étude d’entreprise : Cameco. PolyFinances

Saefong, M. (18 Septembre 2015). Why uranium prices are poised to reboundMarket Watch.

CEO.CA (7 Février 2016). Cameco’s new uranium discovery revealedMining.com

Nickel, R. (7 Mars 2016). Cameco slowly expands world’s biggest uranium mine, betting on recoveryReuters.

UxC (2015). UxC Historical Ux Price Charts

World Nuclear (Juin 2015). The Nuclear Fuel Cycle.

World Nuclear (Mars 2016). Uranium in Canada.

World Nuclear (Février 2016). Uranium Mining Overview

World Nuclear (Février 2015). Uranium Markets

Wikinvest (2009). Uranium.

Wikipedia (2016). Uranium One.

Wikipedia (2016). Kazatomprom.

Wikipedia (2016). Areva.

Construction publique : portrait de l’industrie au Canada

Image principale (ENR)Alors que les investissements dans les infrastructures battent leur plein dans le monde avec le développement accéléré des BICS, la Commission de la Construction du Québec (CCQ) annonçait en janvier dernier prévoir un ralentissement du secteur québécois en 2016. Seuls les investissements dans les infrastructures publiques semblent échapper à la morosité ambiante avec une augmentation prévue de 16%. Petit aperçu du secteur au Canada.

Particulièrement sensible aux fluctuations de l’économie, l’industrie de la construction publique bénéficie actuellement d’un prix du baril de pétrole très faible et de taux de crédit particulièrement bas. Permettant d’accroître les gains de productivité, de favoriser la création d‘emplois tout en répondant aux besoins des habitants, les infrastructures publiques constituent un vecteur de développement du Canada, comme l’ont montré des études de l’Institut de recherche en politiques publiques, le Canada West Foundation, la chambre de commerce du Canada et le Conference Board du Canada.

Structure du marché

Les firmes du secteur sont spécialisées dans la construction et l’organisation de chantiers que ce soit la logistique, la sécurité ou encore la gestion sur site. En outre, les projets devenant de plus en plus complexes, les entreprises ont dû élargir la palette de leurs expertises et s’agrandir pour pouvoir disposer de leviers financiers suffisants, notamment pour les Partenariats Public-Privé (PPP). La plupart des grandes firmes intègre désormais un service d’ingénierie.

Tout comme les firmes de génie-conseil dont nous vous parlions au mois de janvier, l’industrie de la construction constitue un oligopole non coopératif avec des contraintes de capacité au niveau de la main d’œuvre. Les grandes firmes se disputent ainsi les contrats sur les grandes infrastructures publiques.

Figure 1 Statistiques sur la construction au CanadaFigure 1 : Statistiques sur la construction au Canada en 2013 (Source : Statistique Canada)

L’industrie globale représentait près de 117 G$ en 2014. L’industrie de la construction publique est principalement composée de petites entreprises. L’essentiel des firmes se concentrent dans l’Ontario, l’Alberta, la Colombie-Britannique et le Québec.

Dynamiques du marché

Le Canada souffre d’une longue période de sous-investissement avec des investissements à hauteur de 3% du PIB en 1960 contre 1.5% dans les années 1990 alors que la moyenne mondiale se situe à 3.8% du PIB. Même si des mesures ont été mises en place (Fonds Chantier Canada, Fonds pour l’infrastructure verte, Fonds de la taxe sur l’essence et Remboursement de la TPS pour les municipalités), les investissements restent largement inférieurs au 2.9% du PIB nécessaires au maintien des infrastructures existantes.

Figure2_Etat des infrastructures canadiennes (Canada Infrastructure)Figure 2 : État des infrastructures canadiennes par secteur en 2013 (Canada Infrastructure)

Ce manque d’investissement durant ces 50 dernières années a pour conséquence la faible représentation du Canada parmi les fleurons de la construction. Ainsi, parmi les 100 plus grandes firmes du secteur dans le monde, seules trois entreprises canadiennes y figurent : PCL Construction Enterprises Inc. [48ème au classement ENR], SNC-Lavalin (TSE :SNC) [82ème] et EllisDon Corp [90ème]. Même si toutes les entreprises ne classent pas, dans leurs états financiers, des activités similaires dans les mêmes secteurs, la vraie raison de cette absence semble davantage être liée à l’inexistence de projets d’infrastructures suffisamment importants. Ainsi, les compagnies européennes ont su profiter des grands projets d’infrastructures en Europe pour se développer financièrement et techniquement et finalement devenir des géantes du secteur. Quatre des dix plus grandes compagnies de construction sont européennes, les autres étant chinoises. Leur croissance s’est réalisée grâce à de nombreuses fusions/acquisitions. En outre, elles ont développé depuis plusieurs années une branche concession particulièrement lucrative et qui leur ont conféré une importante expérience.

Les firmes canadiennes sont donc souvent contraintes de conclure des partenariats pour la réalisation des plus grands projets. En outre, les compagnies européennes continuent leur implantation sur le marché canadien avec par exemple l’acquisition en février 2016 de Rail Cantech par Eurovia, une branche de Vinci Construction (EPA: DG). Néanmoins, les géants de l’industrie privilégient pour l’instant la coopération avec les firmes locales plutôt que leur acquisition.

Les firmes canadiennes qui ont réussi à se démarquer sont ainsi celles qui ont su se développer à l’international. Ainsi, en 2014, SNC-Lavalin réalisait un tiers de ses contrats à l’étranger contre 75% pour PCL.

Contexte

Du fait de la mondialisation et de la concurrence toujours plus rude, la Canada doit se doter d’infrastructures commerciales pour accompagner la croissance des exportations des produits canadiens. Et cela est d’autant plus important qu’une croissance de 20% des échanges bilatéraux est prévue avec la signature de l’Accord Économique et Commercial Global (AECG) avec l’Union Européenne et que les investissements à réaliser dans les infrastructures portuaires sont estimés à 5.3 G$.

Cet accord prévoit que les firmes des deux organisations pourront soumissionner tous les projets dans l’autre organisation. La faiblesse du dollar canadien avantage particulièrement les entreprises canadiennes mais elles doivent compter sur l’importante présence des firmes européennes sur leur territoire et sur leur volonté de s’implanter sur le marché nord-américain.

De plus, les prévisions dans le secteur de la construction en Europe demeurent assez mitigées avec certains pays prometteurs comme l’Italie ou l’Espagne. Il n’en reste pas moins qu’avec une croissance ralentie et un faible accroissement de sa population conjugué à des politiques d’immigration plus sévères, les perspectives en Europe sont faibles. L’essentiel de la croissance provient des pays en voie de développement notamment la Chine qui est en demande d’infrastructures de santé et d’éducation et l’Inde dont les réseaux de transport et les infrastructures essentielles restent à être développées.

Figure 3_Partage des infrastructures publiques en 2013 (Canada Infrastructure)Figure 3 : Partage des infrastructures publiques en 2013 (Canada Infrastructure)

Au Canada, les perspectives semblent bonnes avec un plan de relance fédérale annoncée par le Premier Ministre lors du Discours du trône. De plus, même si le retrait de Target du marché canadien a laissé de nombreux entrepôts inoccupés, le rapatriement depuis la Chine des activités industrielles de certaines entreprises constituent une opportunité de développement.

Au final, les entreprises canadiennes semblent disposer de désavantages concurrentiels mais c’est sans compter sur leur importante capacité d’adaptation, comme l’ont montré les scandales de corruption et les restructurations qui ont suivi. En outre, ce sont désormais les municipalités qui investissent et gèrent en majorité les projets d’infrastructures et sachant qu’elles ne disposent pas toujours de l’expertise ni de la solidité financière nécessaires, de nouveaux modes de financement et de gestion doivent être trouvés, dont fait notamment partie la concession. Une niche particulièrement lucrative qui pourrait bien attirer les géants de la construction.


Bibliographie

Vastel M. (28 août 2015), Justin Trudeau promet de doubler les investissements en infrastructures, Le Devoir

Association de la Construction du Québec, Portrait et statistiques de l’industrie de la construction

Nadeau J-B (24 déc. 2014), Industrie de la construction : le mystère canadien, L’actualité

Engineering News Record (2015), Top 250 Global Contractor

Lévesque L. (19 janv. 2016), Industrie de la construction: la CCQ prévoit un ralentissement en 2016, La Presse Canadienne

Canada Infrastructure (2016), Bulletin de rendement des infrastructures canadiennes

Ditta S. (2013), De la base au sommet : le rôle des gouvernements locaux dans la construction du réseau d’infrastructures économiques du Canada, Mowat Centre

Crédits photo : ENR, 2015 Global Construction Summit

Cuivre, or ou aluminium, même combat !

Tout comme nombre de métaux, le cours du cuivre a atteint en ce début d’année son niveau le plus bas depuis la crise de 2009. En cause : le ralentissement de l’économie chinoise, mais pas seulement. Petite explication d’un phénomène cyclique.

Figure 1 Evolution du cours du cuivre entre 2008 et 2015 (Source INSEE)Figure 1 : Évolution du cours mensuel du cuivre entre 2008 et 2015 (Source : INSEE)

BHP Billiton (ASX : BHP), plus grande compagnie minière au monde, Freeport-McMoran (NYSE :FCX), plus grand producteur mondial de cuivre ou encore les grandes minières Rio-Tinto (ASX : RIO), Glencore (LON : GLEN)  et Southern Copper (NYSE : SCCO). Toutes connaissent un cours de leurs actions spectaculairement bas depuis 2009.

Si le métal rouge a vu son cours chuter depuis 2011 à cause des récessions européenne et américaine et de la force du dollar dans lequel sont transigés l’ensemble des matières premières, la baisse du cuivre s’inscrit toutefois dans un cycle comme on peut le voir dans le schéma ci-dessous.

Figure 2 Évolution économique cyclique du cuivreFigure 2 : Évolution économique cyclique du cuivre

La baisse de la demande est en cause mais pas seulement. L’International Copper Study Group (ICSG) constatait déjà un surplus de 86 kt entre janvier et juillet 2015 dû à l’excès des investissements dans la production minière, atteignant au total 390 kt de surplus à la fin de l’année. La Chine étant le premier consommateur de cuivre, le ralentissement de son économie a fortement impacté la demande, mais n’a fait qu’accentuer la baisse du cours du cuivre. En cause également, la hausse annoncée des taux directeurs par la FED.

Selon les experts en commodité de Merrill Lynch, une hausse du cours serait envisageable au 2nd semestre de 2016 avec les arrêts de production annoncés de Glencore (2% de la production mondiale en moins) et de Freeport. Les autres analystes et les groupes miniers semblent moins optimistes avec une reprise espérée en 2017-2018.

Tout le monde s’accorde sur une hausse des cours prochainement, reste à déterminer à quel horizon elle aura bien lieu, sachant que chaque année depuis 2011, de nombreux analystes tablaient sur une reprise l’année suivante.


Bibliographie

Jamasmie C. (11 Jan. 2016), Copper prices falling it’s 2009. Mining.com.

Reuters (14 déc. 2015), Trafigura table sur un marché du cuivre excédentaire fin 2016. Les Echos.

Deaux J. (13 Oct. 2015), Copper Mine Spending Seen Sinking Below Financial-Crisis Levels. Bloomberg.

Lasserre F. (20 Août 2015), Matières premières : pourquoi tant de baisse. Le Monde.

Boi L. (4 Oct. 2011), Cuivre, aluminium : la chute des cours des métaux s’accélère. Les Echos.

 

Le géant BHP-Billiton a mauvaise mine

Le jeudi 14 Janvier, la minière anglo-autralienne BHP-Billiton (ASX:BHP) a annoncé qu’elle dépréciait ses actifs américains liés au pétrole de schiste, d’une valeur de 7.2G$US, pré-taxe. Cette décision survient alors que le Brent se transige sous la barre des 30$US. Pour faire face à ces moments difficiles, la compagnie songe aussi à couper une partie de ses dividendes.

c4a82f80-132d-4457-9e73-2ca4e44a0a25-620x372
(The Guardian, 2015)

Pour mettre les choses en contexte, BHP-Billiton avait acquis de nouveaux terrains d’extraction de pétrole et de gaz de schiste pour environ 20G$US en 2011, et y avait investi 15G$US de plus. Ceux-ci sont maintenant évalués à 12G$US dans les livres de BHP. En fait, suite à la chute des ressources minières et du pétrole, la compagnie a vu une grande réduction de ses revenus. Ainsi, elle cherche à réduire ses dépenses, par exemple, en dépréciant certains de ses actifs devenus moins rentables. Cela lui permettra notamment de réduire son montant imposable sans affecter ses flux monétaires. Cependant, la minière reste confiante envers ces actifs, puisque, selon Wood Mackenzie, le seuil de rentabilité est bien en dessous de la moyenne du secteur.

BHP a voulu diversifier de manière plus accrue ses secteurs d’activités, il y a quelques années, en investissant dans le gaz de schiste américain. Cela paraissait comme étant une excellente stratégie pour la plus grande minière au monde puisque selon la compagnie, ces nouvelles acquisitions lui permettaient d’avoir de plus faibles coûts d’opération et d’être plus flexible. Malheureusement pour BHP, les commodités minières et énergétiques ont subi simultanément de lourdes pertes au cours des derniers mois. De plus, en Novembre, un barrage appartenant à une joint-venture de la compagnie a cédé au Brésil, causant d’énormes dommages. L’année 2015 n’a définitivement pas été bonne pour BHP. Ainsi, celle-ci est sous pression pour réduire ses dividendes aussi.

Finalement, le marché a réagi vivement suite à la nouvelle de la dépréciation d’actif, avec une baisse de 7% du titre.

Bibliographie:

Els, F. (15 Janvier 2016). This is what a mining, metals market meltdown looks likeMining.com

Thomas, H. (15 Janvier 2016). Oil-Price Pain for BHP Billiton: More Cuts to Come. The Wall Street Journal.

Wilson, J. (15 Janvier 2016). BHP Billiton highlights risk of dividend cutFinancial Times.

BBC News (15 Janvier 2016). BHP Billiton writes down $7.2bn of shale assets. BBC.

Stewart, R. (22 Décembre 2015). BHP Billiton Raises Death Toll From Brazilian Dam BurstThe Wall Street Journal.

Source photo : The Guardian, (21 Janvier 2015).

L’or chute pour une troisième année consécutive

L’or, la commodité symbolique de richesse, a subi un troisième déclin annuel consécutif. En effet, le métal jaune a chuté d’environ 10.7% au cours du dernier exercice annuel. Ainsi, la commodité a atteint un prix de 1060.20$US pour les futures de Février 2016. Ce niveau de prix n’avait pas été atteint depuis Février 2010.

2095fdde9ee159a033c6c3a98e479128
Figure 1. Prix de l’or en 2015 (NASDAQ, 2016)

Le principal facteur de cette chute au cours de l’année 2015 était l’anticipation d’un relèvement des taux d’intérêts américains, comme nous l’avions mentionné dans une des notes précédentes. En effet, les taux directeurs ont un effet important sur le prix de l’or puisque des taux d’intérêts plus élevés rendent plus attractifs des titres qui offrent des rendements, et donc moins attractif l’or. De plus, la montée du dollar américain face aux autres monnaies a, elle aussi, fait baisser le prix de l’or, qui se transige en dollar américain. En effet, il devient plus cher d’acheter de l’or pour une monnaie étrangère donnée.

Screen Shot 2016-01-02 at 4.17.47 PM
Figure 2. Taux de change : CAD pour 1 USD (XE.com, 2016)

Cependant, il faut mettre ce déclin annuel en perspective :

  • Les autres commodités majeures ont connu une chute plus grande au cours de l’année 2015. On fait référence notamment au cuivre (-25%), au minerai de fer (-43%), au pétrole (-36% pour le Brent) et au platine (-26%). Évidemment, ces commodités ont chuté pour des raisons différentes, mais l’or s’en tire relativement bien finalement.
  • La force du dollar américain permet aux compagnies étrangères de bénéficier d’une hausse du prix de l’or dans leur monnaie. Prenons par exemple les minières canadiennes qui vendent leur or en dollars américains mais qui ont des coûts en dollars canadiens. Le taux de change USD/CAD a connu une croissance de 17.6%, passant de 1.17845 à 1.38540. Alors, en dollar canadien, l’or a connu une croissance de 5.0% au cours de l’année.

Finalement, les analystes prédisent une année à venir encore difficile pour l’or pour les mêmes raisons : la hausse des taux directeurs et la force du dollar américain.

Bibliographie:

Reuters (31 Déc. 2015). 2016 Looks Like Another Bad Year for GoldFortune.

Macdonald, A. (31 Déc. 2015). Gold Ends Year With a Third Straight Annual LossThe Wall Street Journal.

NASDAQ (2 Jan. 2016). Latest Price & Chart for CBOT Gold 100 oz. NASDAQ.

XE (2 Jan. 2016). Currency Charts (USD/CAD). XE.com.

Le minerai de fer encore à la baisse

Le 30 Novembre, pour la première fois de son histoire, la tonne de minerai de fer est passée en dessous de 40$US sur les marchés à Singapour. Cette chute mondiale du minerai de fer ne fait que suivre la tendance de l’année et des dernières années. En effet, le minerai a perdu 11% lors du dernier mois, et 40% lors de la dernière année.

MW-EA091_ironOr_20151130070006_NS

Au New York Mercantile Exchange, ou NYMEX, les contrats « futures » se transigeaient à 43.4$US durant la journée du 1er Décembre. Or en 2011, le cours de la commodité montait à plus de 190$. C’est au début de l’année 2014 que le minerai a vraiment commencé à perdre de sa valeur. Cette chute avait été initiée par une offre mondiale qui dépassait la demande globale. La tendance ne s’est alors pas estompée. Cette année, comme pour la plupart des commodités de base, c’est la crise chinoise qui a fortement affecté le cours du minerai de fer. Celui-ci étant à la base de la production d’acier, ce n’est pas étonnant qu’il soit touché par cette crise. En effet, la croissance de l’économie chinoise est au ralenti. Les producteurs d’acier chinois qui produisent autant que le reste du monde sont le moteur de la consommation de fer mondiale. Leur demande en fer ayant baissé, les minières se retrouvent alors avec un surplus de production.

Or cette situation ne risque pas de s’améliorer selon les analystes. En fait, il est estimé que l’extraction du minerai va continuer de croître dans les années à venir malgré une demande stagnante. Cette croissance de la production serait expliquée par une diminution des coûts de production, notamment pour l’enrichissement, permettant d’exploiter plus de gisements de moins bonne qualité. Il est cependant difficile d’imaginer une telle divergence entre les cours de l’offre et de la demande. Il serait plus probable qu’on assiste à un écrémage des producteurs, notamment ceux qui ont les coûts opérationnels les plus élevés. Ainsi, en attendant une demande plus forte de la part des marchés émergents, il est plus plausible que le prix du minerai continue à baisser.

Bibliographie:

S. R. (23/11/2015). Rate cut shows that even China’s government doesn’t believe its own data. The Economist.

Jamasmie, C. (30/11/2015). Iron ore keeps falling, drops below $43 a tonne. Mining.com.

Reklaitis, V. (30/11/2015). Iron ore prices keep crashing, adding to global growth fearsMarketWatch.

Ng, J. (30/11/2015). Iron Ore Breaches $40 in Singapore as Rising Supply to Feed Glut. Bloomberg.

Dagge, J. (01/12/2015). BHP Billiton shares surge 3.6% despite iron ore price dropping to lowest level since 2008The Courrier Mail.

CANAM – Suivi de Titre (Novembre 2015)

(20 Novembre 2015) Le titre Canam (TSE:CAM) est détenu par PolyFinances depuis Avril 2014. Le titre se transigeait alors à 14.30$CAD. Fin 2014, un suivi du titre avait été réalisé, suite à des chiffres décevants. L’action avait alors chuté à 9.75$CAD. L’analyste ayant fait le suivi recommandait de conserver les positions sur le titre, puisqu’il estimait que des conditions exceptionnelles, soit le climat rude de l’année 2014 et des coûts sous-estimés pour des structures complexes, ont beaucoup affecté les résultats de la compagnie. A posteriori, il semblerait que la recommandation ait porté fruit, puisque le titre est remonté à 14.42$CAD en date d’aujourd’hui.

 

Tout d’abord, il est intéressant de vérifier les hypothèses qui avaient été émises lors du dernier suivi, via le rapport annuel 2014 de la compagnie auprès des investisseurs. En fait, la compagnie invoque les mêmes raisons que citées précédemment. Le climat rude des 4 premiers mois de 2014 avait énormément ralenti le travail de la compagnie. Or les coûts fixes n’ont pas été absorbés par ce ralentissement, provoquant en partie une baisse de la marge de profit brute. De plus, la formation de nouveaux employés ainsi que la mise en place de nouveaux équipements (pour supporter la croissance de la compagnie) ont ralenti l’efficacité de la compagnie. Ceci a aussi contribué à la baisse de la marge de profit.

A priori, ces causes de baisse de la marge semblent ne plus être des facteurs pour l’année 2015, du moins pour les 3 premiers trimestres.

Canam Group

2015

Q4e Q3 Q2 Q1
Chiffre d’affaire $507,504.88[1] $432,140.00 $371,810.00 $309,100.00
Croissance YoY 32.3%[2] 31.3% 32.5% 29.2%
Profit net $18,292.56 $14,540.00 $10,040.00 $4,400.00
Marge de profit net 3.6% 3.36% 2.70% 1.42%
Moyenne T12M 2.77% 2.77% 2.73% 2.46%
Canam Group

2014

Q4 Q3 Q2 Q1
Chiffre d’affaire $383,641.00 $329,249.00 $280,616.00 $239,303.00
Croissance YoY 36.2% 15.5% 11.4% 14.1%
Profit net $13,828.00 $10,486.00 $4,530.00 $474.00
Marge de profit net 3.60% 3.18% 1.61% 0.20%
Moyenne T12M 2.15% 2.21% 2.29% 2.62%
Canam Group

2013

Q4 Q3 Q2 Q1
Chiffre d’affaire $281,611.00 $285,022.00 $251,850.00 $209,752.00
Croissance YoY
Profit net $10,825.00 $9,988.00 $7,425.00 $2,973.00
Marge de profit net 3.84% 3.50% 2.95% 1.42%
Moyenne T12M 2.93%

Tableaux I. Résultats trimestriels historiques et futur (estimation)[3]

Ainsi, en se basant sur les résultats historiques et certaines estimations, on trouve un chiffre d’affaire de 507.5M$CAD pour le dernier trimestre. De plus, le carnet de commandes a lui aussi subi une forte croissance, atteignant 1234M$CAD, alors qu’il était à 909M$CAD une année plus tôt, soit une augmentation de 35.8%.

On voit donc que le chiffre d’affaire de Canam a un futur qui semble positif. Il devrait ainsi continuer de croître fortement à court-terme, et sensiblement à moyen-terme.

On estime aussi que la marge de profit reviendra à son cours habituel. En ce qui concerne le futur de la marge de profit, on sait que le coût en matériaux, notamment l’acier, représente entre 25 et 50% des coûts totaux. Or le cours de l’acier est encore en baisse cette année. Perdant ainsi une très grande partie de sa valeur, le coût en acier devient donc moins grand et donc prend une place relative moins grande parmi les coûts. Ainsi, on peut s’attendre à ce que les coûts fixes prennent une place plus grande. Alors, la marge bénéficiaire tend à être plus réactive face à un ralentissement de la production mais aussi à une augmentation. Or, à court terme, la production ne risque pas de rencontrer d’évènements climatiques perturbants, puisque cette année l’Amérique du Nord devrait connaître un hiver chaud à cause du phénomène El Nino. Donc, la marge devrait croître dans les prochains trimestres.

Regardons maintenant les ratios financiers de la compagnie.

  P/E P/B ROE PEG
CAM 14.18 1.15 8.9% 0.28
Industrie 17.75 1.30 3.3% 1.33

Tableau II. Ratios financiers

Ainsi, on voit bien que le titre possède un fort potentiel puisqu’il possède de meilleurs ratios que l’industrie, en terme de valorisation mais aussi de retour sur investissement (ROE).

De plus, selon Google, le titre possède un Bêta de 1.34 (selon Yahoo, 1.47). En utilisant le modèle du CAPM (MEDAF, en français), le titre devrait obtenir un meilleur rendement que le marché.

Screen Shot 2015-11-21 at 5.43.02 PM

Figure 1. Rendement du titre comparé au TSX

Le titre a surperformé l’indice de plus de 50% au cours des 12 derniers mois.

En utilisant la méthode DCF (Discounted Cash Flows), on obtient un prix cible de 18.77$CAD. Les différentes variables utilisées sont :

  • Taux de croissance soutenable : 8.08%
  • Free Cash-Flows : 2.01M$CAD, estimés pour 2015

Les analystes prédisent un prix cible de 18.63$CAD, avec une cible pessimiste de 18$CAD et optimiste de 19$CAD. Ainsi, sur les 6 recommandations d’analystes, toutes prédisent une surperformance du titre.

En conclusion, je recommande à PolyFinances d’acheter plus d’actions de Canam, prévoyant un retour de 29.2%.

Bibliographie:

Groupe Canam. (Septembre 2015). Rapport trimestriel Q3 2015

Groupe Canam. (25 Février 2015). Rapport annuel 2014.

4-Traders. (21 Novembre 2015). Canam Group Inc.

[1] Le chiffre d’affaire est estimé par rapport à la croissance trimestrielle.

[2] La croissance trimestrielle par rapport au trimestre correspondant de l’année précédente a été estimée sur la moyenne des 12 derniers mois, c’est-à-dire les 4 derniers trimestres.

[3] Les chiffres sont donnés en milliers de dollars canadiens.

Aluminium : à quand la fin de la chute des prix ?

Le 23 octobre dernier, le cours de l’aluminium affichait une baisse de près de 20% par rapport au début de l’année, chutant en dessous du cours de janvier 2009 soit 1 500 $ (US) la tonne. Cette tendance impacte l’ensemble des producteurs mondiaux : Alcoa (NYSE : AA) a constaté une baisse de 44 % du cours de ses actions, le géant russe Rusal (HK : 0486) accuse lui aussi une baisse de 42 % et le constat est sensiblement le même pour Rio Tinto (LON : RIO). L’impact est tel qu’Alcoa séparera sa branche extraction de sa branche produits à forte valeur ajoutée en 2016 et Rio Tinto annonçait en mai dernier sa volonté de vendre ses actifs dans l’aluminium. Tous les acteurs accusent la Chine d’inonder le marché. Mais qu’en est-il vraiment ?

Alu

Figure 1 : Evolution du prix de l’aluminium au LME (Source : Les Echos)

Le marché est actuellement dominé par la Chine tant au niveau de la production (40%) que de la demande (54%). La crise chinoise d’août dernier et la faible reprise de la croissance impactent fortement la demande en Chine. Les producteurs chinois se retrouvent donc à exporter de grandes quantités, ce qui inonde complètement un marché déjà saturé. En effet, l’offre dépasse la demande depuis maintenant huit années consécutives (excès estimé à 1 Mt à la fin de l’année). Pourtant, la demande connaît une croissance exceptionnelle pour le secteur des minerais avec une hausse de 9% en 2014 et de 6.5% en 2015, mais les producteurs ne cessent d’augmenter leurs capacités, en particulier en Chine. Une hausse de la production mondiale de 7% est prévue pour 2015.  Cela est principalement dû à la baisse des coûts de production résultant du faible prix de l’énergie et à la dévaluation de la monnaie des producteurs par rapport au dollar.

D’après Moody’s, la baisse des prix pourrait durer plusieurs années car la demande dépend essentiellement de la croissance mondiale dont celle de la Chine, du Brésil ou encore de l’Europe qui sont actuellement en ralentissement ou en crise économique. Dans ce contexte, les grands groupes accusent des résultats financiers mitigés et commencent à se restructurer en se séparant de leur branche extraction (comme Alcoa) ou en effectuant des rapprochements et des acquisitions. Certaines firmes ferment des unités de production et cette restructuration permettra de faire baisser l’évolution de la production. Néanmoins, l’aluminium est désormais utilisé dans de nombreux domaines de pointe (aéronautique, automobile, câbles électriques) et la demande ne cessera pas d’augmenter dans les prochaines années. Si le contexte est favorable, le cours promet de remonter rapidement.


Bibliographie :

Amiot M. (27 Oct. 2015), Les producteurs d’aluminium sous pression. Les Echos.

Elmquist S. (26 Oct. 2015), Weak metal prices to hit miners through 2016 — Moody’s. Mining.com.

Conesa E. (19 Sept. 2015), Aluminium : le géant Alcoa se scinde en deux. Les Echos.

Delamarche M. (16 Juin 2015), Contrats sur les primes sur l’aluminium: le LME a un temps de retard. L’Usine Nouvelle.

Elmquist S. (8 Avril 2015), Alcoa Sees Aluminum Surplus With Lower Demand Growth. Bloomberg.

Le métal jaune voit encore rouge

Le cours de l’or a connu une baisse pour une septième journée consécutive (vendredi 6 novembre), de l’ordre de 16.50$USD, soit une chute de 1.5%. À la fermeture des marchés, le métal jaune se transigeait ainsi à 1087.70$USD. Ce prix marque une chute de 4.7% depuis le début de la semaine ainsi qu’une troisième semaine consécutive de baisse.

Chute_Or
(MarketWatch, 2015)

Cette réaction du marché est largement due à l’annonce des résultats mensuels d’octobre, concernant la création d’emplois aux Etats-Unis. En effet, 271 000 emplois ont été créés au cours du dernier mois, alors que les analystes avaient prédit une hausse de 183 000 unités. Le marché de l’emploi américain se rapprocherait du plein emploi selon les économistes. Cette nouvelle ne fait qu’appuyer une probable hausse de 0.25% des taux directeurs américains prévue pour Décembre. La probabilité d’une hausse du taux directeur est estimée à 70% suite à la nouvelle, alors qu’elle était de 58% juste avant.

Une telle hausse est une très mauvaise nouvelle pour le marché obligataire mais aussi pour le cours de l’or. En effet, une hausse du taux directeur renforce la valeur du dollar et les taux d’intérêts. Il devient alors moins intéressant d’investir dans l’or puisque celui-ci ne verse pas d’intérêts et possède des coûts d’entreposage. Ainsi, le sentiment actuel des investisseurs sur l’or est baissier. Cette tenance se fait ressentir énormément auprès des compagnies minières productrices d’or. Goldcorp Inc. (TSE:G) a perdu 4.3% de sa valeur à 15.34$CAD. En effet, la compagnie avait estimé que sa production engendrerait des coûts totaux entre 850 et 900$USD par once, pour une production de 3.3-3.6 millions d’onces. La chute du cours de l’or se fait clairement ressentir au niveau des bénéfices de la compagnie aurifère. Quant au premier producteur d’or, Barrick Gold Corp. (TSE:ABX), son action a perdu 3.3% de sa valeur à 9.38$CAD.

Références :

Shumsky, T. (06/11/15). Gold Slumps to Three-Month Low on Robust U.S. Jobs ReportThe Wall Street Journal.

Saefong, M. (06/11/15). Gold sinks 7 sessions in a row, loses 4.7% on the week. Market Watch.

Els, F. (06/11/15). Goldcorp biggest loser in gold price fallMining.com

Lange, J. & Dunsmuir, L. (06/11/15).Surging U.S. job growth lowers bar for Fed rate hike. Reuters.

Diamants invendus

La compagnie russe Alrosa (MCX:ALRS), affirme avoir vendu moins de la moitié de sa production de diamants lors du dernier trimestre, soit 42%. Ayant dévoilé ses résultats ce mercredi, la plus grande compagnie minière en terme de carats de diamant extraits, a en effet rapporté avoir vendu 4.9 millions de carats mais en avoir extrait pas moins de 11.6 millions.

Ces résultats décevants de ventes seraient expliqués en partie par la baisse de la demande provenant de Chine, qui est le second consommateur mondial de pierres précieuses. On voit donc que ce n’est pas juste les minerais de base, servant à l’industrie, qui sont touchés par la crise chinoise, mais aussi les ressources qui sont vendues aux consommateurs, telles que les diamants. Alrosa et ses compétiteurs, tels que De Beers (LON:SAB), sont donc forcés de garder les stocks invendus et baisser leur production. Cependant, les dirigeants de la minière russe restent optimistes, pensant que le cours du diamant va reprendre son niveau habituel, de même pour les ventes, d’ici la fin de l’année.

Ce qu’il faut savoir, c’est que 99% des ventes de diamants sont destinées aux particuliers à des fins de consommation de luxe. Ainsi, la corrélation entre le prix et la situation économique des ménages est très forte, menant les compagnies à chercher de nouvelles stratégies. De Beers a ainsi misé fortement au niveau du marketing, cherchant à augmenter les ventes auprès des femmes agées entre 18 et 29 ans. De plus, cette stratégie vise aussi les habitants de villes de 3e et 4e niveau. Le géant Rio Tinto Alcan, pense quant à lui que la croissance des ménages chinois va forcer un changement démographique et culturel, menant à une croissance de la demande en diamants.

Jamasmie, C. (21 Oct. 2015). Alrosa sells less than half the diamonds it mined. Mining.com

Frik, E. (19 Oct. 2015). The $2 trillion mining value chain at a glance. Mining.com

Jamasmie, C. (20 Oct. 2015). China’s weak demand for diamonds drags sector into slumpMining.com

Biesheuvel, T. (20 Oct. 2015). Diamond Industry Dragged Into Slump as China Demand Ebbs Away. Bloomberg.