Aluminium : à quand la fin de la chute des prix ?

Le 23 octobre dernier, le cours de l’aluminium affichait une baisse de près de 20% par rapport au début de l’année, chutant en dessous du cours de janvier 2009 soit 1 500 $ (US) la tonne. Cette tendance impacte l’ensemble des producteurs mondiaux : Alcoa (NYSE : AA) a constaté une baisse de 44 % du cours de ses actions, le géant russe Rusal (HK : 0486) accuse lui aussi une baisse de 42 % et le constat est sensiblement le même pour Rio Tinto (LON : RIO). L’impact est tel qu’Alcoa séparera sa branche extraction de sa branche produits à forte valeur ajoutée en 2016 et Rio Tinto annonçait en mai dernier sa volonté de vendre ses actifs dans l’aluminium. Tous les acteurs accusent la Chine d’inonder le marché. Mais qu’en est-il vraiment ?

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Figure 1 : Evolution du prix de l’aluminium au LME (Source : Les Echos)

Le marché est actuellement dominé par la Chine tant au niveau de la production (40%) que de la demande (54%). La crise chinoise d’août dernier et la faible reprise de la croissance impactent fortement la demande en Chine. Les producteurs chinois se retrouvent donc à exporter de grandes quantités, ce qui inonde complètement un marché déjà saturé. En effet, l’offre dépasse la demande depuis maintenant huit années consécutives (excès estimé à 1 Mt à la fin de l’année). Pourtant, la demande connaît une croissance exceptionnelle pour le secteur des minerais avec une hausse de 9% en 2014 et de 6.5% en 2015, mais les producteurs ne cessent d’augmenter leurs capacités, en particulier en Chine. Une hausse de la production mondiale de 7% est prévue pour 2015.  Cela est principalement dû à la baisse des coûts de production résultant du faible prix de l’énergie et à la dévaluation de la monnaie des producteurs par rapport au dollar.

D’après Moody’s, la baisse des prix pourrait durer plusieurs années car la demande dépend essentiellement de la croissance mondiale dont celle de la Chine, du Brésil ou encore de l’Europe qui sont actuellement en ralentissement ou en crise économique. Dans ce contexte, les grands groupes accusent des résultats financiers mitigés et commencent à se restructurer en se séparant de leur branche extraction (comme Alcoa) ou en effectuant des rapprochements et des acquisitions. Certaines firmes ferment des unités de production et cette restructuration permettra de faire baisser l’évolution de la production. Néanmoins, l’aluminium est désormais utilisé dans de nombreux domaines de pointe (aéronautique, automobile, câbles électriques) et la demande ne cessera pas d’augmenter dans les prochaines années. Si le contexte est favorable, le cours promet de remonter rapidement.


Bibliographie :

Amiot M. (27 Oct. 2015), Les producteurs d’aluminium sous pression. Les Echos.

Elmquist S. (26 Oct. 2015), Weak metal prices to hit miners through 2016 — Moody’s. Mining.com.

Conesa E. (19 Sept. 2015), Aluminium : le géant Alcoa se scinde en deux. Les Echos.

Delamarche M. (16 Juin 2015), Contrats sur les primes sur l’aluminium: le LME a un temps de retard. L’Usine Nouvelle.

Elmquist S. (8 Avril 2015), Alcoa Sees Aluminum Surplus With Lower Demand Growth. Bloomberg.