L’industrie de l’uranium

Depuis 2003, le prix spot de l’uranium (U3O8) n’avait cessé de grimper, passant de 10$US/lb à 135$US/lb en 2007. Suite à la crise financière de 2007-2008, le cours de la commodité avait largement chuté, puis rechuté suite à Fukushima. Il se transige aux alentours de 35$US/lb depuis quelques mois. Il s’agit en fait d’une des rares ressources minières qui n’ait pas été touché par la chute de l’industrie minière de la dernière année. En effet, durant l’été 2015, le Japon, 3e plus grand consommateur d’uranium (pour son électricité), a finalement réouvert une première centrale nucléaire, envoyant ainsi un signal fort et positif pour l’industrie. Récemment, le canadien Cameco (TSE:CCO), une compagnie minière d’uranium a déclaré qu’elle agrandirait la mine de McArthur River, la plus grande au monde.

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Figure 1. Prix spot de l’uranium (UxC, 2015)

Quelle est la dynamique du marché de l’uranium?

Il existe essentiellement 2 types d’acteurs sur le marché : les compagnies minières et les compagnies de services aux collectivités. Les compagnies minières extraient l’uranium et l’enrichissent pour en faire du combustible alors que les secondes opèrent les réacteurs. À cela, on peut rajouter les compagnies construisant les centrales qui ont un impact indirect sur le marché via les compagnies de services aux collectivités; ainsi que les compagnies qui se spécialisent dans la vente d’uranium provenant d’armes nucléaires démilitarisées.

Le prix et les contrats

Le prix de l’uranium est déterminé par le prix spot qui se transige sur les marchés boursiers. Cependant, la plupart des transactions se font via des contrats à long terme allant de 3 à 15 ans. Ces contrats sont alors déterminés par le prix spot ajouté d’une prime de 10$US/lb en général. Ceci est important pour la dynamique du marché puisque cela apporte de la stabilité au niveau des revenus des deux côtés. Le revers de la médaille est que cela oblige une compagnie à exécuter sa partie du contrat. Par exemple, suite à la fermeture des centrales nippones, les compagnies ont continué d’acheter de l’uranium sans l’utiliser, créant ainsi des réserves importantes. Le retour en activité des centrales japonaises aura donc un impact indirect à court terme sur les marchés.

Comme la plupart des commodités minières, le prix spot de l’uranium est sujet à la loi de l’offre et de la demande. C’est pourquoi il est important de suivre les tendances de ces deux aspects.

La demande

En ce qui concerne la demande, celle-ci est dirigée par la croissance des pays émergents, notamment la Chine qui a des besoins énergétiques en très forte croissance. En effet, celle-ci a déjà 26 réacteurs actifs et 25 en construction (et d’autres de planifiés). Pour mettre cela en perspective, il existe actuellement 435 réacteurs dans le monde, pour une consommation globale de 66000 tonnes d’uranium (tU). Cependant, une autre tendance tire la demande vers le bas. Il s’agit d’une augmentation de l’efficacité des centrales. Finalement, une caractéristique des centrales nucléaires est qu’elles demandent une dose initiale puis des doses moins grandes. En effet, une fois le réacteur lancé, pour des raisons d’efficacité, un tiers du combustible est retiré et remplacé, une fois tous les 12 ou 18 mois dépendamment de l’efficacité de la centrale. Par exemple, il faut 300-450 tU au démarrage pour 1GWe, puis 150tU/année. Ainsi, l’ouverture des nouvelles centrales chinoises va créer une forte demande momentanée.

L’offre

Vis-à-vis de l’offre, 90% de l’uranium provient des minières. Les trois quarts du marché sont partagés assez équitablement entre 6 grandes compagnies : Cameco, Areva (EPA:AREVA), Kazatomprom, Uranium One, Rio Tinto (LON:RIO) et BHP Billiton (ASX:BHP). Ce marché est hétérogène en terme de types de compagnies. En effet, Cameco est une minière côtée en bourse spécialisée en uranium, alors qu’Areva est intégrée verticalement, produisant aussi des centrales. Kazatomprom et Uranium One sont des compagnies étatiques. Rio Tinto et BHP Billiton sont de grandes multinationales minières impliquées dans d’autres commodités.

La dynamique

Le nerf de la guerre pour ces 6 compagnies revient encore à la qualité du minerai. En effet, la concentration d’uranium varie d’un endroit à l’autre. Dans la croute terrestre, la concentration est de 2.8ppm. Elle peut atteindre 200 000ppm à certaines mines, telles qu’au Canada. Certaines mines sont quand même profitables pour des concentrations de 2000ppm. Cependant, à cause d’un nombre de caractéristiques du secteur, la dynamique est différente de celle du pétrole par exemple.

Tout d’abord, la demande est relativement stable et prévisible puisque les centrales nucléaires sont les plus gros demandeurs et que leur construction demande des investissements importants en capitaux et en temps. Ensuite, les barrières à l’entrée du marché sont élevées puisqu’il faut des ressources importantes (capitaux et connaissances) pour ouvrir une nouvelle mine. De plus, des stratégies concernant la quantité produite de la part de Cameco, par exemple, seraient peu fructueuses dues à la structure du marché (compagnies étatiques, intégrées verticalement ou diversifiées). Ainsi, la dynamique du marché semble aussi stable du côté des offreurs que des demandeurs.

Conclusion

Avec le redémarrage des centrales nippones, le marché a reçu un signal positif. De plus, les enjeux environnementaux en terme de carbone favorisent l’utilisation de centrales nucléaires. C’est pourquoi les minières retrouvent de l’intérêt à explorer de nouvelles mines ou d’agrandir celles déjà existantes pour combler la demande future. Cependant, bien que la technologie nucléaire soit de plus en plus sécuritaire, il existe toujours un risque d’accident qui impacterait le risque de réputation du secteur dans sa globalité, vis-à-vis des populations locales et des gouvernements.

Références

Iuliani, L & Le Duc, R. (18 Novembre 2014). Étude d’entreprise : Cameco. PolyFinances

Saefong, M. (18 Septembre 2015). Why uranium prices are poised to reboundMarket Watch.

CEO.CA (7 Février 2016). Cameco’s new uranium discovery revealedMining.com

Nickel, R. (7 Mars 2016). Cameco slowly expands world’s biggest uranium mine, betting on recoveryReuters.

UxC (2015). UxC Historical Ux Price Charts

World Nuclear (Juin 2015). The Nuclear Fuel Cycle.

World Nuclear (Mars 2016). Uranium in Canada.

World Nuclear (Février 2016). Uranium Mining Overview

World Nuclear (Février 2015). Uranium Markets

Wikinvest (2009). Uranium.

Wikipedia (2016). Uranium One.

Wikipedia (2016). Kazatomprom.

Wikipedia (2016). Areva.

Le géant BHP-Billiton a mauvaise mine

Le jeudi 14 Janvier, la minière anglo-autralienne BHP-Billiton (ASX:BHP) a annoncé qu’elle dépréciait ses actifs américains liés au pétrole de schiste, d’une valeur de 7.2G$US, pré-taxe. Cette décision survient alors que le Brent se transige sous la barre des 30$US. Pour faire face à ces moments difficiles, la compagnie songe aussi à couper une partie de ses dividendes.

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(The Guardian, 2015)

Pour mettre les choses en contexte, BHP-Billiton avait acquis de nouveaux terrains d’extraction de pétrole et de gaz de schiste pour environ 20G$US en 2011, et y avait investi 15G$US de plus. Ceux-ci sont maintenant évalués à 12G$US dans les livres de BHP. En fait, suite à la chute des ressources minières et du pétrole, la compagnie a vu une grande réduction de ses revenus. Ainsi, elle cherche à réduire ses dépenses, par exemple, en dépréciant certains de ses actifs devenus moins rentables. Cela lui permettra notamment de réduire son montant imposable sans affecter ses flux monétaires. Cependant, la minière reste confiante envers ces actifs, puisque, selon Wood Mackenzie, le seuil de rentabilité est bien en dessous de la moyenne du secteur.

BHP a voulu diversifier de manière plus accrue ses secteurs d’activités, il y a quelques années, en investissant dans le gaz de schiste américain. Cela paraissait comme étant une excellente stratégie pour la plus grande minière au monde puisque selon la compagnie, ces nouvelles acquisitions lui permettaient d’avoir de plus faibles coûts d’opération et d’être plus flexible. Malheureusement pour BHP, les commodités minières et énergétiques ont subi simultanément de lourdes pertes au cours des derniers mois. De plus, en Novembre, un barrage appartenant à une joint-venture de la compagnie a cédé au Brésil, causant d’énormes dommages. L’année 2015 n’a définitivement pas été bonne pour BHP. Ainsi, celle-ci est sous pression pour réduire ses dividendes aussi.

Finalement, le marché a réagi vivement suite à la nouvelle de la dépréciation d’actif, avec une baisse de 7% du titre.

Bibliographie:

Els, F. (15 Janvier 2016). This is what a mining, metals market meltdown looks likeMining.com

Thomas, H. (15 Janvier 2016). Oil-Price Pain for BHP Billiton: More Cuts to Come. The Wall Street Journal.

Wilson, J. (15 Janvier 2016). BHP Billiton highlights risk of dividend cutFinancial Times.

BBC News (15 Janvier 2016). BHP Billiton writes down $7.2bn of shale assets. BBC.

Stewart, R. (22 Décembre 2015). BHP Billiton Raises Death Toll From Brazilian Dam BurstThe Wall Street Journal.

Source photo : The Guardian, (21 Janvier 2015).

L’or chute pour une troisième année consécutive

L’or, la commodité symbolique de richesse, a subi un troisième déclin annuel consécutif. En effet, le métal jaune a chuté d’environ 10.7% au cours du dernier exercice annuel. Ainsi, la commodité a atteint un prix de 1060.20$US pour les futures de Février 2016. Ce niveau de prix n’avait pas été atteint depuis Février 2010.

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Figure 1. Prix de l’or en 2015 (NASDAQ, 2016)

Le principal facteur de cette chute au cours de l’année 2015 était l’anticipation d’un relèvement des taux d’intérêts américains, comme nous l’avions mentionné dans une des notes précédentes. En effet, les taux directeurs ont un effet important sur le prix de l’or puisque des taux d’intérêts plus élevés rendent plus attractifs des titres qui offrent des rendements, et donc moins attractif l’or. De plus, la montée du dollar américain face aux autres monnaies a, elle aussi, fait baisser le prix de l’or, qui se transige en dollar américain. En effet, il devient plus cher d’acheter de l’or pour une monnaie étrangère donnée.

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Figure 2. Taux de change : CAD pour 1 USD (XE.com, 2016)

Cependant, il faut mettre ce déclin annuel en perspective :

  • Les autres commodités majeures ont connu une chute plus grande au cours de l’année 2015. On fait référence notamment au cuivre (-25%), au minerai de fer (-43%), au pétrole (-36% pour le Brent) et au platine (-26%). Évidemment, ces commodités ont chuté pour des raisons différentes, mais l’or s’en tire relativement bien finalement.
  • La force du dollar américain permet aux compagnies étrangères de bénéficier d’une hausse du prix de l’or dans leur monnaie. Prenons par exemple les minières canadiennes qui vendent leur or en dollars américains mais qui ont des coûts en dollars canadiens. Le taux de change USD/CAD a connu une croissance de 17.6%, passant de 1.17845 à 1.38540. Alors, en dollar canadien, l’or a connu une croissance de 5.0% au cours de l’année.

Finalement, les analystes prédisent une année à venir encore difficile pour l’or pour les mêmes raisons : la hausse des taux directeurs et la force du dollar américain.

Bibliographie:

Reuters (31 Déc. 2015). 2016 Looks Like Another Bad Year for GoldFortune.

Macdonald, A. (31 Déc. 2015). Gold Ends Year With a Third Straight Annual LossThe Wall Street Journal.

NASDAQ (2 Jan. 2016). Latest Price & Chart for CBOT Gold 100 oz. NASDAQ.

XE (2 Jan. 2016). Currency Charts (USD/CAD). XE.com.

Le minerai de fer encore à la baisse

Le 30 Novembre, pour la première fois de son histoire, la tonne de minerai de fer est passée en dessous de 40$US sur les marchés à Singapour. Cette chute mondiale du minerai de fer ne fait que suivre la tendance de l’année et des dernières années. En effet, le minerai a perdu 11% lors du dernier mois, et 40% lors de la dernière année.

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Au New York Mercantile Exchange, ou NYMEX, les contrats « futures » se transigeaient à 43.4$US durant la journée du 1er Décembre. Or en 2011, le cours de la commodité montait à plus de 190$. C’est au début de l’année 2014 que le minerai a vraiment commencé à perdre de sa valeur. Cette chute avait été initiée par une offre mondiale qui dépassait la demande globale. La tendance ne s’est alors pas estompée. Cette année, comme pour la plupart des commodités de base, c’est la crise chinoise qui a fortement affecté le cours du minerai de fer. Celui-ci étant à la base de la production d’acier, ce n’est pas étonnant qu’il soit touché par cette crise. En effet, la croissance de l’économie chinoise est au ralenti. Les producteurs d’acier chinois qui produisent autant que le reste du monde sont le moteur de la consommation de fer mondiale. Leur demande en fer ayant baissé, les minières se retrouvent alors avec un surplus de production.

Or cette situation ne risque pas de s’améliorer selon les analystes. En fait, il est estimé que l’extraction du minerai va continuer de croître dans les années à venir malgré une demande stagnante. Cette croissance de la production serait expliquée par une diminution des coûts de production, notamment pour l’enrichissement, permettant d’exploiter plus de gisements de moins bonne qualité. Il est cependant difficile d’imaginer une telle divergence entre les cours de l’offre et de la demande. Il serait plus probable qu’on assiste à un écrémage des producteurs, notamment ceux qui ont les coûts opérationnels les plus élevés. Ainsi, en attendant une demande plus forte de la part des marchés émergents, il est plus plausible que le prix du minerai continue à baisser.

Bibliographie:

S. R. (23/11/2015). Rate cut shows that even China’s government doesn’t believe its own data. The Economist.

Jamasmie, C. (30/11/2015). Iron ore keeps falling, drops below $43 a tonne. Mining.com.

Reklaitis, V. (30/11/2015). Iron ore prices keep crashing, adding to global growth fearsMarketWatch.

Ng, J. (30/11/2015). Iron Ore Breaches $40 in Singapore as Rising Supply to Feed Glut. Bloomberg.

Dagge, J. (01/12/2015). BHP Billiton shares surge 3.6% despite iron ore price dropping to lowest level since 2008The Courrier Mail.

CANAM – Suivi de Titre (Novembre 2015)

(20 Novembre 2015) Le titre Canam (TSE:CAM) est détenu par PolyFinances depuis Avril 2014. Le titre se transigeait alors à 14.30$CAD. Fin 2014, un suivi du titre avait été réalisé, suite à des chiffres décevants. L’action avait alors chuté à 9.75$CAD. L’analyste ayant fait le suivi recommandait de conserver les positions sur le titre, puisqu’il estimait que des conditions exceptionnelles, soit le climat rude de l’année 2014 et des coûts sous-estimés pour des structures complexes, ont beaucoup affecté les résultats de la compagnie. A posteriori, il semblerait que la recommandation ait porté fruit, puisque le titre est remonté à 14.42$CAD en date d’aujourd’hui.

 

Tout d’abord, il est intéressant de vérifier les hypothèses qui avaient été émises lors du dernier suivi, via le rapport annuel 2014 de la compagnie auprès des investisseurs. En fait, la compagnie invoque les mêmes raisons que citées précédemment. Le climat rude des 4 premiers mois de 2014 avait énormément ralenti le travail de la compagnie. Or les coûts fixes n’ont pas été absorbés par ce ralentissement, provoquant en partie une baisse de la marge de profit brute. De plus, la formation de nouveaux employés ainsi que la mise en place de nouveaux équipements (pour supporter la croissance de la compagnie) ont ralenti l’efficacité de la compagnie. Ceci a aussi contribué à la baisse de la marge de profit.

A priori, ces causes de baisse de la marge semblent ne plus être des facteurs pour l’année 2015, du moins pour les 3 premiers trimestres.

Canam Group

2015

Q4e Q3 Q2 Q1
Chiffre d’affaire $507,504.88[1] $432,140.00 $371,810.00 $309,100.00
Croissance YoY 32.3%[2] 31.3% 32.5% 29.2%
Profit net $18,292.56 $14,540.00 $10,040.00 $4,400.00
Marge de profit net 3.6% 3.36% 2.70% 1.42%
Moyenne T12M 2.77% 2.77% 2.73% 2.46%
Canam Group

2014

Q4 Q3 Q2 Q1
Chiffre d’affaire $383,641.00 $329,249.00 $280,616.00 $239,303.00
Croissance YoY 36.2% 15.5% 11.4% 14.1%
Profit net $13,828.00 $10,486.00 $4,530.00 $474.00
Marge de profit net 3.60% 3.18% 1.61% 0.20%
Moyenne T12M 2.15% 2.21% 2.29% 2.62%
Canam Group

2013

Q4 Q3 Q2 Q1
Chiffre d’affaire $281,611.00 $285,022.00 $251,850.00 $209,752.00
Croissance YoY
Profit net $10,825.00 $9,988.00 $7,425.00 $2,973.00
Marge de profit net 3.84% 3.50% 2.95% 1.42%
Moyenne T12M 2.93%

Tableaux I. Résultats trimestriels historiques et futur (estimation)[3]

Ainsi, en se basant sur les résultats historiques et certaines estimations, on trouve un chiffre d’affaire de 507.5M$CAD pour le dernier trimestre. De plus, le carnet de commandes a lui aussi subi une forte croissance, atteignant 1234M$CAD, alors qu’il était à 909M$CAD une année plus tôt, soit une augmentation de 35.8%.

On voit donc que le chiffre d’affaire de Canam a un futur qui semble positif. Il devrait ainsi continuer de croître fortement à court-terme, et sensiblement à moyen-terme.

On estime aussi que la marge de profit reviendra à son cours habituel. En ce qui concerne le futur de la marge de profit, on sait que le coût en matériaux, notamment l’acier, représente entre 25 et 50% des coûts totaux. Or le cours de l’acier est encore en baisse cette année. Perdant ainsi une très grande partie de sa valeur, le coût en acier devient donc moins grand et donc prend une place relative moins grande parmi les coûts. Ainsi, on peut s’attendre à ce que les coûts fixes prennent une place plus grande. Alors, la marge bénéficiaire tend à être plus réactive face à un ralentissement de la production mais aussi à une augmentation. Or, à court terme, la production ne risque pas de rencontrer d’évènements climatiques perturbants, puisque cette année l’Amérique du Nord devrait connaître un hiver chaud à cause du phénomène El Nino. Donc, la marge devrait croître dans les prochains trimestres.

Regardons maintenant les ratios financiers de la compagnie.

  P/E P/B ROE PEG
CAM 14.18 1.15 8.9% 0.28
Industrie 17.75 1.30 3.3% 1.33

Tableau II. Ratios financiers

Ainsi, on voit bien que le titre possède un fort potentiel puisqu’il possède de meilleurs ratios que l’industrie, en terme de valorisation mais aussi de retour sur investissement (ROE).

De plus, selon Google, le titre possède un Bêta de 1.34 (selon Yahoo, 1.47). En utilisant le modèle du CAPM (MEDAF, en français), le titre devrait obtenir un meilleur rendement que le marché.

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Figure 1. Rendement du titre comparé au TSX

Le titre a surperformé l’indice de plus de 50% au cours des 12 derniers mois.

En utilisant la méthode DCF (Discounted Cash Flows), on obtient un prix cible de 18.77$CAD. Les différentes variables utilisées sont :

  • Taux de croissance soutenable : 8.08%
  • Free Cash-Flows : 2.01M$CAD, estimés pour 2015

Les analystes prédisent un prix cible de 18.63$CAD, avec une cible pessimiste de 18$CAD et optimiste de 19$CAD. Ainsi, sur les 6 recommandations d’analystes, toutes prédisent une surperformance du titre.

En conclusion, je recommande à PolyFinances d’acheter plus d’actions de Canam, prévoyant un retour de 29.2%.

Bibliographie:

Groupe Canam. (Septembre 2015). Rapport trimestriel Q3 2015

Groupe Canam. (25 Février 2015). Rapport annuel 2014.

4-Traders. (21 Novembre 2015). Canam Group Inc.

[1] Le chiffre d’affaire est estimé par rapport à la croissance trimestrielle.

[2] La croissance trimestrielle par rapport au trimestre correspondant de l’année précédente a été estimée sur la moyenne des 12 derniers mois, c’est-à-dire les 4 derniers trimestres.

[3] Les chiffres sont donnés en milliers de dollars canadiens.

Le métal jaune voit encore rouge

Le cours de l’or a connu une baisse pour une septième journée consécutive (vendredi 6 novembre), de l’ordre de 16.50$USD, soit une chute de 1.5%. À la fermeture des marchés, le métal jaune se transigeait ainsi à 1087.70$USD. Ce prix marque une chute de 4.7% depuis le début de la semaine ainsi qu’une troisième semaine consécutive de baisse.

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(MarketWatch, 2015)

Cette réaction du marché est largement due à l’annonce des résultats mensuels d’octobre, concernant la création d’emplois aux Etats-Unis. En effet, 271 000 emplois ont été créés au cours du dernier mois, alors que les analystes avaient prédit une hausse de 183 000 unités. Le marché de l’emploi américain se rapprocherait du plein emploi selon les économistes. Cette nouvelle ne fait qu’appuyer une probable hausse de 0.25% des taux directeurs américains prévue pour Décembre. La probabilité d’une hausse du taux directeur est estimée à 70% suite à la nouvelle, alors qu’elle était de 58% juste avant.

Une telle hausse est une très mauvaise nouvelle pour le marché obligataire mais aussi pour le cours de l’or. En effet, une hausse du taux directeur renforce la valeur du dollar et les taux d’intérêts. Il devient alors moins intéressant d’investir dans l’or puisque celui-ci ne verse pas d’intérêts et possède des coûts d’entreposage. Ainsi, le sentiment actuel des investisseurs sur l’or est baissier. Cette tenance se fait ressentir énormément auprès des compagnies minières productrices d’or. Goldcorp Inc. (TSE:G) a perdu 4.3% de sa valeur à 15.34$CAD. En effet, la compagnie avait estimé que sa production engendrerait des coûts totaux entre 850 et 900$USD par once, pour une production de 3.3-3.6 millions d’onces. La chute du cours de l’or se fait clairement ressentir au niveau des bénéfices de la compagnie aurifère. Quant au premier producteur d’or, Barrick Gold Corp. (TSE:ABX), son action a perdu 3.3% de sa valeur à 9.38$CAD.

Références :

Shumsky, T. (06/11/15). Gold Slumps to Three-Month Low on Robust U.S. Jobs ReportThe Wall Street Journal.

Saefong, M. (06/11/15). Gold sinks 7 sessions in a row, loses 4.7% on the week. Market Watch.

Els, F. (06/11/15). Goldcorp biggest loser in gold price fallMining.com

Lange, J. & Dunsmuir, L. (06/11/15).Surging U.S. job growth lowers bar for Fed rate hike. Reuters.

Diamants invendus

La compagnie russe Alrosa (MCX:ALRS), affirme avoir vendu moins de la moitié de sa production de diamants lors du dernier trimestre, soit 42%. Ayant dévoilé ses résultats ce mercredi, la plus grande compagnie minière en terme de carats de diamant extraits, a en effet rapporté avoir vendu 4.9 millions de carats mais en avoir extrait pas moins de 11.6 millions.

Ces résultats décevants de ventes seraient expliqués en partie par la baisse de la demande provenant de Chine, qui est le second consommateur mondial de pierres précieuses. On voit donc que ce n’est pas juste les minerais de base, servant à l’industrie, qui sont touchés par la crise chinoise, mais aussi les ressources qui sont vendues aux consommateurs, telles que les diamants. Alrosa et ses compétiteurs, tels que De Beers (LON:SAB), sont donc forcés de garder les stocks invendus et baisser leur production. Cependant, les dirigeants de la minière russe restent optimistes, pensant que le cours du diamant va reprendre son niveau habituel, de même pour les ventes, d’ici la fin de l’année.

Ce qu’il faut savoir, c’est que 99% des ventes de diamants sont destinées aux particuliers à des fins de consommation de luxe. Ainsi, la corrélation entre le prix et la situation économique des ménages est très forte, menant les compagnies à chercher de nouvelles stratégies. De Beers a ainsi misé fortement au niveau du marketing, cherchant à augmenter les ventes auprès des femmes agées entre 18 et 29 ans. De plus, cette stratégie vise aussi les habitants de villes de 3e et 4e niveau. Le géant Rio Tinto Alcan, pense quant à lui que la croissance des ménages chinois va forcer un changement démographique et culturel, menant à une croissance de la demande en diamants.

Jamasmie, C. (21 Oct. 2015). Alrosa sells less than half the diamonds it mined. Mining.com

Frik, E. (19 Oct. 2015). The $2 trillion mining value chain at a glance. Mining.com

Jamasmie, C. (20 Oct. 2015). China’s weak demand for diamonds drags sector into slumpMining.com

Biesheuvel, T. (20 Oct. 2015). Diamond Industry Dragged Into Slump as China Demand Ebbs Away. Bloomberg.

Résumé de conférence – McKinsey&Co. (09/09/2015)

Investissements à long terme

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(Source: CNBC)

Présentation du conférencier : Frédéric Jacques

Diplomé de HEC Montréal, détenteur d’un BAA, d’un DESS en comptabilité et d’une certification CPA, il se joint Ernst & Young en 2005 en audit puis à RSM Richter en 2009 dans le groupe de restructuration pour finalement joindre McKinsey & Compagnie en 2011. Chez McKinsey, il a eu l’occasion de se pencher sur l’investissement institutionnel, travaillant ainsi avec un bon nombre d’organismes de placement au cours des 5 dernières années.

Investissements à long terme

L’investissement à long terme a commencé à prendre forme grâce aux efforts du Harvard Business Review et de McKinsey & Co. C’est un nouveau mouvement qui englobe à la fois les stratégies d’investissement des dirigeants de compagnies et celles des investisseurs, en particulier les institutionnels. Comme son nom l’indique, il s’agit de viser des retours positifs sur investissement à long terme. On pourrait alors se demander pourquoi est-ce un nouveau mouvement.

Contexte

Pour cela, il faut contextualiser le mouvement. En effet, entre 1975 et 2010, le temps moyen de rétention d’un actif est passé de 6 ans à 1.4 ans (0.6 an si on tient compte du «high-frequency trading»). On voit qu’il y a bien une tendance à vouloir se débarrasser rapidement de ses investissements et d’obtenir des retours au plus vite. Ceci est vrai pour les gestionnaires de portefeuille, mais aussi pour les dirigeants. On explique cette tendance par la forte pression qui est mise sur ceux-ci de la part de leurs supérieurs mais aussi de la part des propriétaires et actionnaires des compagnies et des fonds.

Ainsi, McKinsey & Co. a effectué des sondages auprès de pas moins de 1000 dirigeants et exécutifs. Les résultats et conclusions obtenus appuient cette tendance. En voici quelques chiffres :

  • 84% des personnes interrogées ont la pression de générer des retours en moins de 2 ans
  • le temps moyen du mandat des PDG est passé de 9.5 ans à 6.9 ans entre 1995 et 2015
  • 55% éviteraient des investissements dont la VAN (Valeur Actuelle Nette) serait positive pour ne pas manquer le consensus des analystes concernant les bénéfices par action (EPS dans le jargon anglophone). En effet, manquer le consensus ferait chuter le cours de l’action.
  • le taux de réinvestissement des revenus des compagnies privées est de 9.4% alors qu’il est de 2.2% pour celles qui sont publiques. En effet, les actionnaires ont tendance à être moins patients. Les dirigeants sont aussi plus à risque de perdre leur poste.

Bienfaits

L’étude a aussi démontré à quel point investir à long terme est mieux en terme de rendement. Un investissement à long terme permet la création de valeur pour l’entreprise. Malgré une chute initiale du rendement pour les premières années après l’investissement, il devient globalement meilleur qu’une stratégie à court terme. Plusieurs exemples appuient cet argument, tel que Apple avec son iPod qui avait causé une chute de 25% du prix de l’action. De manière plus générale, les compagnies qui réinvestissent plus de 10% de leurs revenus performent mieux que les autres. Évidemment, cette stratégie d’investir à long terme nécessite de la patience. Par exemple, Coca-Cola a mis 10 ans avant d’être profitable lorsqu’elle a essayé de pénétrer le marché chinois. De même, pour Walmart, qui a mis 11 ans. Évidemment, le secteur de la compagnie influence énormément ce que l’on considère comme un investissement à long terme. En effet, pour une entreprise étant dans le secteur des technologies de l’information, les cycles sont beaucoup plus courts (4.3 ans) que ceux du secteur minier (18.1 ans).

En terme d’investissement dans les actions boursières, entre 1990 et 2012, les investissements de moins de 6 mois ont eu des rendements annualisés de 6.8% en moyenne contre 9.0% pour ceux de 3 ans et plus. L’investisseur qui symbolise le mieux cette philosophie est Warren Buffet, avec sa compagnie Berkshire Hathaway, qui année après année, bat le marché grâce à ses investissements à long terme.

Changements de mentalité

Le mouvement veut donc sensibiliser les investisseurs et les dirigeants pour qu’ils changent de mentalité d’investissement. Ainsi, plusieurs catégories de personnes peuvent avoir un impact sur la mentalité d’investissement : les gestionnaires d’actifs, les membres de conseils d’administration et les équipes de gestion. Pour chacune de ces catégories, plusieurs méthodes concrètes ont été développées pour faire face au “court-termisme”.

Pour les gestionnaires d’actifs, on recommande d’avoir des objectifs à long terme, qui sont aussi indépendants des benchmarks et des indices de référence. Ultimement, il s’agit ainsi de développer une mesure de performance à long terme.

Ensuite, pour les membres de conseils d’administration, ceux-ci devraient être plus actifs dans la compagnie et donner plus de temps de qualité. Ils doivent aussi avoir des idéaux qui visent le long terme. Une rémunération plus grande, mais non en salaire, pourrait être une bonne source de motivation pour viser des résultats à long terme.

Pour encourager les investisseurs à pratiquer une politique d’investissement à long terme, il serait important d’établir des communications privilégiées avec eux sur les stratégies mises en oeuvre et les visions à long-terme. Il s’agirait ainsi de créer un climat de confiance par le développement de partenariats investisseurs-compagnie (relationship investing) avec des investisseurs possédant une part conséquente de l’entreprise.

Finalement, concernant l’équipe de gestion, il est recommandé qu’elle se concentre plus sur les investissements à long terme que sur les résultats trimestriels, notamment lorsqu’elle dévoile des informations au public (Investors’ call). Ainsi, elle pourrait parler plus des projets à long terme que la compagnie est en train de développer, et trouver une manière de mesurer la performance à long terme.

Conclusion

Pour synthétiser, le mouvement de l’investissement à long terme fait surface dans un contexte où le “court-termisme” est omniprésent à cause, entre autre, de la pression énorme de produire des rendements rapidement. Si l’investissement sur le long terme présente a priori davantage d’incertitude et demande une compréhension plus fondamentale des compagnies, le mouvement se base sur des statistiques qui montrent les bienfaits d’investir avec un horizon long terme et sur la réussite de certains des plus grands investisseurs comme Warren Buffet. Il vise ainsi à changer les mentalités d’investissement à travers des pratiques présentes à plusieurs niveaux de la chaîne de valeur de l’investissement.

First Quantum Minerals rebondit après des mois difficiles

First Quantum Minerals Inc. (TSE:FM) a vu ses actions grimper de 1.36$CAD, soit une augmentation de 18.16%, durant la journée de mercredi pour atteindre 8.85$CAD. En effet, la compagnie minière canadienne a acquis beaucoup de momentum au cours des cinq derniers jours, ayant touché le fond durant la journée du 28 Septembre à 4.52$CAD.

Pour mettre en contexte, le déclin du prix du cuivre des 5 derniers mois, qui est passé de 2.92$US à 2.25$US à son plus bas, soit une baisse de 23%, a entrainé avec lui la minière canadienne qui elle aussi a perdu énormément de sa valeur, passant ainsi de 19.52$CAD à 4.52$CAD, soit une perte nette de 76.8%. Pour faire face à une telle situation critique, la compagnie a décidé de couper ses coûts de production à travers un grand nombre de mises à pieds, une réduction de 20% des salaires et une revue à la baisse des coûts de son projet phare « Cobre Panama » de 7%. Une réduction de 1G$US de la dette a aussi été prévue par la compagnie, d’ici la fin du premier trimestre de 2016.

Ces réductions drastiques des coûts permettent ainsi à la compagnie de présenter de meilleurs bilans financiers à court terme. Cela démontre le sérieux de la compagnie à vouloir garder la tête hors de l’eau durant ces moments difficiles, attendant alors que l’orage passe. Au cours des derniers jours, une combinaison de facteurs, dont le rebond des matières premières, notamment le cuivre, qui est la production principale de la compagnie, a fait grimpé énormément le cours de l’action. En effet, de nombreux analystes ont fait récemment des recommandations positives (12 « buy », 8 « hold » et 1 « sell »). L’orage est-il enfin passé pour First Quantum Minerals Inc.? À suivre.

Bibliographie:

Nasdaq (7 Oct. 2015). Copper Price.

Duncan, F. (7 Oct. 2015). First Quantum Minerals Limited Stock Rating Reaffirmed by Citigroup Inc. (FM). Dakota Financial News.

The Canadian Press (6 Oct. 2015). First Quantum to sell assets, reduce debt by at least $1-billion by end of first quarter. Globe and Mail.

Bloomberg News (21 Sept. 2015). First Quantum’s growth plans worry analysts as copper demand drops. The Globe and Mail.

Lithium : Haute Tension

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(Photo d’une piscine d’extraction de lithium. Rawls, 2013)

Le 4 septembre dernier, Western Lithium USA Corp. (TSXV:WLC) annonçait que Lithium Americas Corp. (TSXV:LAC) acceptait de se faire racheter. Le même jour, Nemaska Lithium Inc. (TSXV:NMX.V) recevait son certificat d’autorisation de la part du Ministère du Développement Durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les Changements Climatiques (MDDELCC), lui permettant de continuer dans ses démarches pour ouvrir une nouvelle mine de lithium au Québec. Une semaine plus tôt, Tesla Motors Inc. (NASDAQ:TSLA) concluait un accord avec Bacanora Minerals Ltd. (TSXV:BCN.V) et Rare Earth Minerals PLC (LN:REM), sécurisant ainsi un fournisseur pour sa nouvelle « Giga-usine » de batteries LiIon.

Le lithium est un élément chimique qui est utilisé pour de nombreuses applications, allant des médicaments à certains verres céramiques, en passant par les batteries LiIon. Étant une ressource rare dont la demande était relativement faible jusqu’à présent, peu de mines l’extraient. Quelles sont donc les dynamiques de marchés de ce matériau ? Et quel semble être son avenir ?

La structure du marché

Le secteur minier est assez unique en son genre, et le marché du lithium ne déroge pas à la règle. Dans un premier temps, il s’agit de trouver les ressources : c’est la phase d’exploration. On distingue ensuite les réserves globales et les réserves économiquement viables. En effet, il existe souvent, dans le secteur minier, différentes méthodes pour extraire une ressource, chacune ayant des coûts d’extraction différents. De plus, pour une même méthode, les coûts peuvent varier en fonction de la concentration de l’élément désiré. C’est pourquoi, selon le prix auquel se vend la ressource, et son coût d’extraction, il est parfois non profitable de l’extraire (le pétrole en est le parfait exemple : l’extraction en Arabie Saoudite est bien moins coûteuse que celle des sables bitumineux au Canada). En ce qui concerne le lithium, les réserves découvertes à ce jour se concentrent principalement en Amérique du Sud, dans le « triangle du lithum », constitué par la Bolivie, l’Argentine et le Chili. La figure 1 ci-dessous représente les réserves connues à ce jour (Janvier 2015) selon le pays d’origine. Les données sont celles de l’USGS (United States Geological Survey).

Graphe_Lithium

Figure 1 : Réserves mondiales de lithium en Mt (total : env. 39.5 Mt) (USGS, 2015)

Ainsi, les pays du triangle du lithium représentent environ 60% des réserves mondiales connues à ce jour. Cependant, si l’on considère les réserves exploitables, leur part de marché devient encore plus grande. En effet, ces pays ont accès au lithium sous forme de saumure (brine en anglais), c’est-à-dire d’eau fortement salée. L’exploitation du lithium par évaporation de saumure est la moins coûteuse. C’est pourquoi ces pays possèdent les réserves ayant le plus de valeur.

En ce qui concerne la production, elle est dominée par le Chili et l’Australie, produisant respectivement 13 kt et 12.9 kt, soit environ 35% de la production mondiale chacun. En effet, cette dernière est estimée à 36 kt en 2014. Il est intéressant de noter que la Bolivie, première réserve mondiale, ne produit presque rien ! En fait, à cause de la combinaison du faible développement du pays et d’un nationalisme fort, le pays n’arrive pas à construire de mines assez rapidement. Les compagnies locales n’ont pas l’expertise que les entreprises étrangères possèdent, et celles-ci ne sont pas les bienvenues en Bolivie, posant ainsi un réel frein au développement de mines de lithium. En ce qui concerne la croissance de la production globale, elle est évaluée à environ 6% entre 2013 et 2014.

La dynamique

La demande de lithium a connu une croissance similaire à la production au cours des dernières années, résultant à un prix du lithium plutôt stable. Il est à noter que pour cette ressource, il n’existe pas de contrats transigés en bourse. Le lithium se vend donc de gré à gré (en anglais « Over The Counter », OTC). Cela explique aussi la stabilité de la ressource, étant sujette à des ententes à moyen terme entre compagnies acheteuse et vendeuse.

Le lithium est principalement utilisé pour fabriquer des verres et céramiques, occupant 35% des parts, et des batteries, à 31%. Ces batteries LiIon étaient principalement utilisées dans les appareils électroniques. Cependant, avec l’avènement de la voiture électrique, ces batteries sont en train de voir leur production grimper très rapidement. Avec de plus en plus de constructeurs automobiles qui se lancent dans le marché électrique, et avec Tesla Motors qui planifie de produire un demi-million de batteries par année, on peut s’attendre à une forte hausse de la demande de lithium dans les quelques années à venir.

Peut-on donc s’attendre à une hausse soudaine des prix? Cela est encore à voir, puisque le prix se négocie principalement à travers des contrats entre deux parties. Les compagnies déjà en place ont déjà leurs ententes, et celles comme Tesla sont à la recherche de nouveaux producteurs. Ainsi, les nouveaux acheteurs vont se tourner vers des compagnies « juniors », qui sont au stade de prospection et qui cherchent du financement. Ces dernières sont des firmes à petite capitalisation qui se tournent vers des grands acheteurs pour pouvoir s’assurer d’avoir des rentrées d’argent certaines. Ainsi, nombreuses de ces entreprises sont côtées à la bourse de Toronto, mais sur le marché à petite capitalisation : le TSX Ventures. À moyen terme, on pourrait alors voir une forte croissance des compagnies juniors spécialisées dans le lithium sans voir une grande hausse du prix. Chacune des deux parties y verraient son avantage, l’acheteur payerait un prix relativement faible pour une période déterminée, alors que la « junior » pourrait s’assurer de sa croissance. Une autre question se pose donc : les réserves mondiales de lithium sont-elles suffisantes pour supporter l’avènement des voitures électriques ?

Mining.com (3 Sept. 2015). Elon Musk: More Tesla Gigafactory lithium deals to come. Mining.com. Tiré de www.mining.com/web/elon-musk-more-tesla-gigafactory-lithium-deals-to-come/

Morris, D. Z. (26 Avr. 2015). The era of the electric car promises a lithium mining boom, but new lithium startups are floundering. Here’s why. Fortune. Tiré de fortune.com/2015/04/26/lithium-mining/

Bloomberg (1 Août 2014). Is There Enough Lithium for Tesla’s Gigafactory? Bloomberg. Tiré de www.bloomberg.com/news/videos/b/3abb52e4-ea59-4ed9-8525-80e5765c701c

Ramsey, M. (28 Août 2015). Tesla secures lithium hydroxide supply for its battery factory. WallStreetJournal. Tiré de www.wsj.com/articles/tesla-secures-lithium-hydroxide-supply-for-its-battery-factory-1440767689

Fehrenbacher, K. (28 Août 2015). Tesla agrees to buy lithium from mine in Mexico for Gigafactory. Fortune. Tiré de fortune.com/2015/08/28/tesla-lithium-mine-mexico/

Market Watch (4 Sept. 2015). Western Lithium and Lithium Americas Announce Completion of Merger. Market Watch. Tiré de www.marketwatch.com/story/western-lithium-and-lithium-americas-announce-completion-of-merger-2015-09-04

Stock House (4 Sept. 2015). Nemaska Lithium Receives General Certificate of Authorization for Whabouchi Lithium Mine in Quebec. Stock House. Tiré de www.stockhouse.com/news/press-releases/2015/09/04/nemaska-lithium-receives-general-certificate-of-authorization-for-whabouchi

Romero, S. (2 Fev. 2009). In Bolivia, Untapped Bounty Meets Nationalism. New York Times. Tiré de www.nytimes.com/2009/02/03/world/americas/03lithium.html?ref=world&_r=0

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USGS (Janv. 2015). Lithium. Mineral Commodities Summary. Tiré de minerals.usgs.gov/minerals/pubs/commodity/lithium/mcs-2015-lithi.pdf